Association Grandir d'un Monde à l'Autre

Deux témoignages : celui d'Anthony Penaud, membre de l'association OREA, acteur de sensibilisation au handicap et celui d'Olivier Raballand, spectateur du film documentaire "Le beau est aveugle" de Gwénaël Cohenner.

Anthony Penaud et l’OREA

Je m’appelle Anthony Penaud et je suis aveugle de naissance. Je suis adhérent à l’association Grandir d’un Monde à l’Autre depuis juin 2010.    
    Je fais régulièrement des sensibilisations au handicap avec l’association OREA qui signifie cool, positif, en grec. Le but de cette association est de sensibiliser les personnes valides à tous les types de handicaps par le jeu et le sport pour favoriser l’échange et la rencontre entre les personnes valides et celles en situation de handicap. Nous sommes tous bénévoles, valides ou en situation de handicap et nous intervenons en mixité dans les écoles, les collèges, les lycées et les centres de loisirs. Nous participons à des événements comme T’cap, Tissé Métisse, les semaines d’éducation contre le racisme et toutes les formes de discriminations. Nous organisons également des projets solidaires en France et à l’étranger.
    Lors de mes interventions je montre des objets de ma vie quotidienne, je propose des jeux avec le braille ou encore des activités sous bandeau (comme des goûters). Je réponds aux questions qui me sont posées sur le  handicap et sur ma vie quotidienne. Je parle aussi des choses que peuvent faire les personnes handicapées et de ce qui existe pour elles car, bien trop souvent, les personnes valides ont des idées reçues sur le handicap et les personnes handicapées. Je pense que c’est très important de mener des actions de sensibilisation pour faire changer le regard que l’on porte sur les personnes en situation de handicap.
    À la fin de mes actions, je dis toujours aux personnes que je sensibilise : même si les personnes handicapées ont leur handicap, elles veulent vivre comme tout le monde et avec tout le monde.

Anthony Penaud

Plus d’infos sur OREA : www.asso-orea.fr

    Film documentaire de Gwenaël Cohenner

« Le beau est aveugle », c’est le titre du film documentaire de Gwenaël Cohenner retraçant une singulière et intéressante expérience. Lorsque quatre non-voyants s’essaient à la photographie, c’est notre vision de la beauté qui est remise en question, tels sont les quelques mots de présentation qui aiguisent notre curiosité, nous donnant envie de faire un pas de côté pour le découvrir. Cédric Nicolas a initié ce projet, « Né Cécité », qui interroge sur le Beau à travers une exposition de polaroïds réalisés par des non-voyants, également présentée lors de la deuxième édition de l’événement « T’cap Loisirs & Découvertes - Handicaps ou pas ».

Je me souviens d’un moment un peu surréaliste lors de l’inauguration de T’cap, le 24 avril. Une quinzaine d’officiels (représentants de communes, conseiller général, conseiller régional, ainsi que Monsieur le Préfet) sont venus là pour « voir, entendre, comprendre… ». Avec mes collègues responsables de l’organisation, Annabelle et Loïc*, nous conduisons tant bien que mal notre délégation parmi la soixantaine de stands présents sur le site des Nefs de l’île de Nantes où se déroule la manifestation. L’une des premières étapes est justement celle de l’exposition, organisée par Cédric Nicolas, des polaroïds des photographes ayant tous la particularité d’être mal ou non voyants.
Pas banal comme expérience, explique Cédric Nicolas à Jean d’Aubigny, Préfet de son état. Je me dis qu’on commence très fort cette inauguration car, tout de même, expliquer que les photos exposées là montrent les prises de vues de personnes ne voyant pas défiait nos propres notions du regard. Tout cela aurait pu faire un peu sketch à la « Raymond Devos » sauf que, devant des représentants de l’État, on évite l’expérimentation de gags. Cette expérience était tout à fait sérieuse : une photo d’un ciel avec le mât d’un bateau, une cabane en bois dans une forêt, un ruisseau qui coule, autant de choix personnels pour représenter la beauté. Au fur et à mesure que Cédric Nicolas nous parle, je comprends à la fois l’enjeu symbolique de cette belle initiative ainsi que sa valeur émotionnelle et artistique. C’est un peu tout cela que le film raconte, la démarche artistique et la construction du projet jusqu’à l’exposition.

Olivier Raballand

http://unpeuflou.com/projets/nececite.html

* Annabelle Louragini et Loïc Vallée, respectivement salariée et président de l’association CORTO Loisirs, co-coordinatrice  du projet T’cap.