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Regards d'un Monde à l'Autre - Entretien avec... Ron Dyens, producteur de films chez Sacrebleu productions

20

Mars
Avril
Mai
2012

Entretien avec... Ron Dyens, producteur de films chez Sacrebleu productions

En 2008, lorsque nous découvrions Mon petit frère de la lune le film de Frédéric Philibert que nous venons d’adapter en album, nous entendions aussi parler, pour la première fois, de la maison de production parisienne nommée Sacrebleu et de son dirigeant Ron Dyens qui a produit le film de Frédéric Philibert et a généreusement soutenu notre projet d’album. Rencontre...

Grandir d’un Monde à l’Autre
Bonjour Ron Dyens. Nous sommes heureux de vous donner la parole dans les pages de Regards d’un Monde à l’Autre, notre lettre d’information trimestrielle. Nos lecteurs ne vous connaissent peut-être pas. Pouvez-vous vous présenter ?

Ron Dyens

Bonjour Estelle. Je suis producteur chez Sacrebleu, une maison de production de films que j’ai créée il y a une douzaine d’années maintenant pour faire essentiellement du court métrage. Aujourd’hui, on s’ouvre de plus en plus vers le long métrage et on fait aussi bien de la fiction, de l’animation que du documentaire. On a eu la chance récemment d’obtenir la Palme d’Or du court métrage à Cannes* et d’avoir un film nominé aux Oscars en 2011**. En février, un autre film sera présenté à la Berlinale, le festival international du film de Berlin***. L’an passé, déjà, nous avions eu cette chance. Donc, ça va bien. Nos films sont reconnus et nous en sommes contents.


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Pourquoi avoir appelé votre maison de production Sacrebleu ? D’où vient ce nom ?

Ron Dyens

C’est un juron positif. C’est un peu comme « Merde » sauf que ce mot est statique. Quand on dit « Merde »  c’est qu’on est face à un problème qui nous empêche d’avancer. La vie est faite d’embûches et on peut avoir, en effet, tendance à baisser les bras. Dans « Sacrebleu » il y a aussi l’idée de problème mais surtout celle de défi.

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Vous avez produit le film d’animation de Frédéric Philibert, « Mon petit frère de la lune »****. Pourquoi ce projet vous intéressait-il ?

Ron Dyens

Essentiellement, en raison de la beauté du propos. Face au handicap, on a tendance à se « voiler les yeux » et à ignorer les choses. Dans ce film, le propos est si juste, la poésie si grande, qu’on est touché. Ce sont cette poésie et cette beauté que nous souhaitions diffuser. Le film a ainsi été présenté dans une bonne centaine de festivals et reçus beaucoup de prix.


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Vous souvenez-vous du sentiment que vous avez ressenti lorsque vous avez vu le film de Frédéric Philibert « Mon petit frère de la lune » pour la première fois ?

Ron Dyens

Oui, tout à fait. J’ai été assez dérouté en fait. Je ne m’attendais pas du tout à cela.  Le titre, déjà, qui sonne un peu comme un haïku. Le principe des haïkus c’est de nous amener quelque part, vers une fin qu’on ne peut soupçonner tant qu’on n’y est pas rendu. Avec le titre « Mon petit frère de la lune » c’est un peu pareil. On ne sait pas ce qui se cache derrière. Et ça c’est très fort et très touchant.

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Pensez-vous que le film d’animation peut être un moyen intéressant pour sensibiliser aux différences et particulièrement au handicap ?

Ron Dyens

Oui, car le film d’animation crée, d’une certaine manière, une distance qui est parfois bienvenue. La représentation que l’on a du handicap est souvent limitée au handicap physique et donc à quelque chose qu’il est parfois difficile de regarder. Le film d’animation permet de faire passer des choses de manière plus douce. Maintenant, ce n’est pas la seule façon d’exprimer un point de vue sur le handicap. Plus particulièrement, dans « Mon petit frère de la lune », ce qui est touchant, outre l’animation, c’est le point de vue de la sœur et sa voix (en off) qui créent un prisme poétique magnifique. Cette petite fille développe une relation supérieure avec son frère, qu’elle n’aurait sans doute pas avec un enfant « normal ». La sœur ne juge pas son frère. Elle essaie juste de le comprendre et de jouer avec lui. D’ailleurs le film se termine sur un jeu.

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Cette thématique du handicap vous intéresse-t-elle particulièrement ? Est-elle présente dans votre catalogue ?

Ron Dyens

Pas nécessairement sous cette forme. Je cherche les histoires avant tout. Ce thème peut être un plus narratif mais il ne faut pas le choisir pour faire pleurer.  Il ne faut pas que cela soit artificiel non plus. Le handicap m’évoque un peu la même chose que le mot « sacrebleu ». Le handicap est un problème qu’il faut essayer de dépasser.

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Grâce à votre soutien, les Editions d’un Monde à l’Autre ont réalisé une adaptation de ce film et pu en faire un album pour les enfants dans lequel le film est inséré.

Ron Dyens

Je trouve l’idée très intéressante. Car le livre apporte un rythme différent et s’avère complémentaire du film.  L’album, en plus, est très pédagogique notamment avec les petites questions à la fin. Elles permettent au jeune public de creuser le sujet. Je trouve ce principe très intéressant.

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« Mon petit frère de la lune » est aujourd’hui l’actualité des Editions d’un Monde à l’Autre. Mais quelle est celle de Sacrebleu ?

Ron Dyens

On est sur un projet de long métrage d’animation, assez complexe à financer, mais également sur plusieurs séries d’animation. Les thématiques abordées sont très variées. Par exemple, un des films, fait par un réalisateur polonais, met en scène un chef d’orchestre qui, suite à un accident de voiture, est entre la vie et la mort et évolue dans un monde un peu parallèle. Un autre projet, produit en partenariat avec la République tchèque, raconte la vie d’une conductrice de tram à qui il arrive des aventures sexuelles.
Enfin, nous produisons des carnets de voyages. Vous voyez c’est très varié. Les choix se font en fonction des écritures et de la relation que j’ai avec les auteurs.

Grandir d'un Monde à l'Autre

Comment sont diffusés ces films ?

Ron Dyens

Ils sont en grande partie pré-acheté par les télévisions.Le film sur la conductrice de tram va être diffusé sur France 2, celui sur le chef d’orchestre sur France 3 et les carnets de voyage sur Arte.

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Bravo pour tous ces projets ! Nous souhaitons une longue vie à Sacrebleu. Merci Ron Dyens de nous avoir accordé cet entretien et surtout d’avoir permis la réalisation de cet album/DVD.

Ron Dyens

Merci à vous. J’ai été très content de notre collaboration. Je trouve pertinent, audacieux et important de pouvoir faire ce genre de projet. Je vous souhaite une bonne continuation. Merci à vous et à très bientôt.

Propos recueillis
par Estelle Labarthe début février  2012.

 

* Palme d’or du court-métrage au 63ème festival de Cannes en 2011
pour le film « Chienne d’histoire » de Serge Avédikian.
** Court-métrage « Madagascar, carnet de voyage » de Bastien Dubois.
*** Le court-métrage d’animation, «The Great Rabbit» d’Atsushi Wada, Ours d'argent du film court au festival de Berlin 2012.

****Le film a reçu de nombreux prix en France et à l’étranger dont le Grand Prix et le Prix du public du festival Handica-Apicil.
 

Site internet : www.sacrebleuprod.com

A noter dans le catalogue de Sacrebleu productions

« Moi » de Inès Sedan (3 minutes)
« Dans un univers rigide et très paramétré, un homme doit cacher son homosexualité et danser, danser, jusqu’au moment où il a le courage de faire face à ces règles et de révéler enfin qui il est vraiment. » (résumé extrait du site de Sacrebleu)

« Ben Hora » de Julie Rembauville et Nicolas Bianco-Levin (4 minutes 05)
« Ben Hora est un projet de vidéoclip d’animation. Le film s’ouvre sur l’arrivée en bateau d’une famille de migrants dans un nouveau monde fantasmé et met en scène sa déception face aux lois absurdes de cette société ultra-normée. Ils ne peuvent se plier à ces lois. » (résumé extrait du site de Sacrebleu)

« Matopos » de Stéphanie Machuret
(11 minutes 35)
« Dans un village africain, un jeune aveugle, victime d’une tempête, va être initié par un sage à surmonter ses peurs. Grâce à la musicalité d’une flûte, il va pouvoir exorciser les peurs des villageois et offrir une perception différente des éléments naturels. » (résumé extrait du site de Sacrebleu)

Vous pouvez écouter cet entretien sur notre site www.mondealautre.fr dans la rubrique « A voir, à entendre ».

A découvrir aussi, le reportage diffusé sur Arte dans Court-circuit :
www.arte.tv/fr/3922110,CmC=3921604.html



 

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